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BORGES & BORGES, illimited
Florence de Mèredieu
"...la Bibliothèque est illimitée et périodique. S'il y avait un voyageur éternel pour la traverser dans un sens quelconque, les siècles finiraient par lui apprendre que les mêmes volumes se répètent toujours dans le même désordre - qui, répété, deviendrait un ordre : l'Ordre. Ma solitude se console à cet élégant espoir." (Jorge Luis Borges, La Bibliothèque de Babel)
Du corps comme bibliothèque infinie - le zoo - l'Empire des vagues - le bateau des morts Babel TV - Monsieur Tout Le Monde - le jardin aux herbes indéfinies - La Cité des ensommeillés La Chambre borgesienne - "Nuit et brouillard", Requiem - le cycle de la viande - Le meurtre de Jorge Luis Borges
Ces 12 récits s'inscrivent dans le prolongement de La Bibliothèque de Babel de Borges, laquelle fonctionne sur la transparence, sur l'étagement de discours lisibles les uns au travers des autres. La Bibliothèque de Babel (texte-princeps de Borges et archétype de tout texte littéraire) se donne à lire au travers d'une série de variations, de lectures et de dérives. Infinie, La Bibliothèque de Babel contient tous les livres, toutes les critiques, interprétations et variations sur ces livres. Elle englobe à elle seule la totalité du cosmos et contient donc déjà aussi, et par avance, ces douze récits. Qu’est-ce qu’un auteur ? Qu’est-ce qu’un lecteur ? Où commencent la dérive, la transformation et la re-création d’une œuvre ? Cette transformation, lecture et relecture infinie de La Bibliothèque de Babel épouse diverses thématiques propres à l’imaginaire de l’auteur. Et aussi (on s’en doute de ses « doubles »). - Florence de Mèredieu se joue ici de tous les codes et vient se glisser subrepticement dans la carcasse et le cerveau de Jorge Luis Borges… Au lecteur de juger… - Préface imaginaire d'Umberto Eco.
ISBN 9782907784078
Format : 15 x 23 cm
Nombre de pages : 160
Broché, première édition, inédit.
Prix : 13 euros
Extrait du “Zoo”
Le Zoo (que d’autres appellent Réserve ou ménagerie) se compose d’un nombre indéfini, et peut-être infini, de cages rectangulaires comportant sur leur pourtour de vastes fosses bordées de grilles très hautes. De chaque côté de ces cages on aperçoit interminablement les autres cages, toutes peuplées d’animaux d’espèces inférieures et supérieures.
La distribution des animaux y est invariable. Vingt singes, oiseaux dépareillés ou zébus d’Asie septentrionale couvrent tous les murs, à raison de cinq par côté; leur hauteur qui s’apparente à celle de leurs cages ne dépasse guère la taille d’une girafe ou d’une puce normalement constituées. Chacune de ces cages débouche sur un couloir étroit, lequel débouche à son tour sur une autre cage, identique à la première et à toutes. A droite et à gauche de chaque cage se trouvent deux réduits minuscules. L’un permet à l’ange gardien de chaque animal de dormir debout; l’autre sert à satisfaire les besoins fécaux.
A proximité passe un escargot à la coquille en colimaçon, qui s’abîme et s’élève à perte de vue. Au fond de chaque cage se trouve une glace, qui redouble fidèlement le visage et l’apparence des visiteurs du Zoo. Ceux-ci en conclurent que le Zoo n’est pas infini. S’il l’était réellement, à quoi bon cette duplication illusoire, qui vise à inclure et enfermer les humains eux-mêmes dans l’étroitesse des cages. Je préfère, pour ma part, rêver que ces surfaces polies sont là pour figurer l’infini animal et pour le promettre... Des sortes de globes sphériques appelés lampes assurent l’éclairage. Au nombre de deux par cage, ces globes émettent une lumière éternellement insuffisante. C’est ainsi qu’on peut voir les animaux dériver chaque soir dans une bienheureuse inconscience et somnolente obscurité.
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