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FRIVOLITÉ DE LA VALEUR
Essai sur l'imaginaire du capitalisme
Jean-Joseph Goux
La spéculation boursière relève d’une logique paradoxale qui déconstruit les traditionnelles oppositions métaphysiques entre le virtuel et le réel, le rationnel et l'irrationnel, le prévisible et l'aléatoire, le matériel et l'immatériel, etc. C'est l'extension de cette logique boursière — vouée à une radicale «frivolité», au jeu de la dérive et de l’aléa — à l'ensemble des valeurs (éthiques et esthétiques) qui a porté le capitalisme à franchir le seuil de la post-modernité.
Ce n'est pas dans les années 1960 et avec la société de consommation que ce bouleversement s'opère — et que vire l'imagination du capitalisme. Le changement décisif de paradigme a eu lieu bien plus tôt, avec le développement de l'économie néoclassique. Au point de rencontre d'une morale hédoniste (qui vise l'exacerbation du désir) et de la mise en place d'une économie de marché (aboutissant à une «illimitation» des produits convoitables).
Les échos et les correspondances de cet enjeu font l'objet de ce livre. A la fois dans les théories économiques (Proudhon, Walras, Pareto, Charles Gide...), dans l'imagination littéraire (Vallès, Zola, Péguy, Valéry, André Gide, Valéry Larbaud, Roussel, Bataille...) et le discours philosophique (Condillac, Sartre, Derrida, Baudrillard...). A travers l'irruption et la domination du modèle boursier des valeurs — qu'il soit accepté ou critiqué — à travers le jeu de la valeur et du désir, au travers des effets de la dématérialisation croissante de la monnaie et de la richesse, c'est l'imaginaire du capitalisme actuel qui s'expose et se découvre.
ISBN 9782907784122
Format : 16 x 24 cm.
Nombre de pages : 320.
Prix : 22,71 euros
PRESSE
Le présent ouvrage intéressera autant les économistes que les philosophes et sans doute aussi les historiens, les uns parce que la conception de l'économie qu'il expose est appuyée sur les classiques (en particulier Léon Walras), les autres parce que la notion de valeur est tout à fait essentielle à leur propos, et les derniers parce que la démonstration de l'auteur oblige à revoir quelques catégories traditionnelles de l'histoire moderne. (...) Pour renforcer sa démonstration, J.J. Goux construit d'extraordinaires aller et retour entre les romans classiques et des perspectives économiques (Balzac, Gide, etc., ou un écrivain comme Valéry). Ce qui est passionnant dans sa démonstration, c'est la mise en scène de la fragilisation de toutes les valeurs par un capitalisme postmoderne devenu une sorte de monstre dévorant tout ce qu'il engendre
(C'est principalement à la confrontation des textes littéraires avec la théorie néo-classique qu'il consacre ses analyses. Monsieur Teste de Valéry, Gobseck de Balzac, Les Nourritures Terrestres de Gide, La Nausée de Sartre, reçoivent ici un éclairage inattendu. Mais, au-delà de la pertinence de ces rapprochements singuliers, l'importance théoriques de l'ouvrage de Goux tient au statut paradigmatique, voire "épistémique", de la valeur, notion centrale vers quoi tout converge. Polyvalence rendue possible parce que la valeur a congédié son référent stable et flotte au gré du désir. (Michel Makarius)
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Première partie : Les fluctuations erratiques de la cote
1 - Walras, Valéry : les valeurs, l'équilibre, l'instant
2 - Un marché de délices
3 - Sensation, consommation, narration
4 - Le principe de Gobseck
5 - Un coup de Bourse jamais n'abolira
6 - Valeurs et spéculations. Le paradigme boursier
7 - Le langage insolvable
8 - Hédonisme et solidarité
Deuxième partie : Les désarrois du spéculateur
1 - De l'équivoque à la démoralisation
2 - La roue et le coup de dés
3 - Disponibilités. Le signe bancaire et la rupture
4 - Cash, check, charge or click?
5 - Persistance de l'argent
6 - La monnaie véritable
7 - Don et altérité
Conclusion - Consensus et subversion
Appendice Sur les théories économiques classiques
Bibliographie |